Le 23 novembre 2025, les 133 membres de la Convention citoyenne sur les temps de l’enfant ont adopté leur rapport final. Fruit de six mois de travail, d’auditions et de délibérations, ce rapport formule 20 propositions visant à repenser l’organisation du quotidien des enfants de 3 à 18 ans.
Alors que ces préconisations interrogent profondément le rôle des collectivités, l’AMF rappelle la nécessité d’une étude d’impact complète avant la mise en place des mesures et d’un accompagnement financier pérenne de l’État. De son côté, Frédéric Leturque, Président de l’AMF62, suit ce dossier avec une attention particulière et restera vigilant quant aux implications de ces propositions.
Un constat partagé : des temps de l’enfant fragmentés et inadaptés
Les travaux de la Convention citoyenne s’appuient sur un diagnostic clair : les temps de l’enfant – scolaire, périscolaire, extrascolaire et familial – restent largement cloisonnés et soumis à des contraintes extérieures aux besoins réels des enfants.
Les citoyens mettent en avant plusieurs priorités : protéger les enfants des violences, mieux inclure ceux ayant des besoins spécifiques, renforcer la santé physique et mentale, réduire les inégalités sociales et territoriales, et revaloriser les métiers de l’éducation
Vingt propositions pour mieux structurer les temps de l’enfant
Les propositions adoptées recouvrent 4 grands axes :
- Repenser les rythmes scolaires et le fonctionnement de l’école
Parmi les mesures proposées :
- Début des cours à 9 h pour les adolescents ;
- Pause méridienne portée à 1 h 30 ;
- Devoirs réalisés principalement à l’école ;
- Semaine d’enseignement du lundi au vendredi
- Socle commun élargi incluant savoirs théoriques le matin et pratiques l’après-midi ;
- Calendrier scolaire rééquilibré en deux zones et en cycles de 7 semaines de cours pour 2 semaines de repos.
Certaines propositions impliquent des transformations structurelles, comme la création de campus des jeunes, qui sont des lieux de vie polyvalents et flexibles, intégrant espaces verts et équipements variés. Ils permettent d’accueillir et d’accompagner l’enfant dans tous les moments de sa vie.
- Renforcer la coordination des acteurs
La Convention appelle à créer un ministère de l’Enfance réunissant les compétences aujourd’hui réparties entre plusieurs ministères (Éducation, Sport, Culture, Santé…).
Elle propose également de généraliser des Projets éducatifs de territoire (PEdT) “nouvelle génération”, pour garantir la cohérence des actions locales.
- Améliorer les temps de transports
La mise en place d’un plan de mobilité jeunes garantirait que les trajets domicile-école n’excèdent jamais 45 minutes, en favorisant des modes de transport adaptés et sécurisés.
- Encadrer les usages numériques et renforcer le soutien à la parentalité
Les enfants font face à de nombreux risques : troubles du sommeil, de l’attention, anxiété, exposition à des contenus violents, au cyberharcèlement … Face à cela, la convention a proposé de :
- Rendre obligatoire une éducation théorique et pratique aux usages du numérique à l’école
- Interdire l’accès aux réseaux sociaux avant 15 ans avec vérification d’identité ;
- Mieux soutenir les parents via la création d’un droit de la parentalité.
La position de l’AMF : une étude d’impact indispensable
L’Association des Maires de France souligne que ces propositions impliquent des transformations majeures pour les communes et intercommunalités.
Elle estime indispensable :
- La réalisation d’une étude d’impact complète, impliquant tous les ministères concernés ;
- La définition de conditions de financement claires par l’État et la CNAF ;
- Une concertation approfondie avec les maires, premiers acteurs des temps de l’enfant au quotidien.
Le bloc communal intervient en effet sur l’ensemble des temps de l’enfant : périscolaire, pause méridienne, activités extrascolaires, soutien à la parentalité, bâti scolaire, inclusion et accueil des enfants en situation de handicap.
Les expériences passées ont effectivement montré l’ampleur des conséquences organisationnelles, techniques et financières que peuvent engendrer les réformes successives sur les collectivités.
La faisabilité de ces mesures dépendra donc largement de la capacité de l’État à accompagner financièrement et techniquement les collectivités, qui en porteront une large part de la mise en œuvre.
